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Thich Nhat Hanh
Les manières raffinées
L'enseignement des manières raffinées remonte au temps du Bouddha. Dans la tradition Mahayana ces enseignements sont parvenus jusqu'en Chine où ils ont été rassemblés par maître Yunqi sous la dynastie des Ming. En Chine, à Taiwan, à Hongkong, en Corée et au Vietnam, les manières raffinées continuent d'être pratiquées par les novices sous la forme établie par maître Yunqi.
Ces trente-neuf manières raffinées sont une adaptation moderne du livre de maître Yunqi. Si elles vous semblent désuètes, regardez-les profondément pour voir ce qu'elles peuvent vous apprendre sur votre vie et votre pratique de la pleine conscience, et observez en quoi elles peuvent être bénéfiques à un moine ou à une moniale novice. La pratique bouddhiste consiste à faire les choses simples de tous les jours avec joie et beauté.
1. Respecter votre maître, les moines et les moniales qui sont vos aînés
Pour montrer du respect à votre maître, ne prononcez pas son nom directement. Ce serait trop informel. Si vous avez besoin de dire son nom, dites : « le nom de mon maître du Dharma commence par ... et finit par ... », ou appelez-le par le nom du monastère où il réside, par exemple « le maître du village des Pruniers ». Ne parlez pas en mal de votre maître et n'évoquez pas ses points faibles. Essayez seulement de l'aider, individuellement ou collectivement. Si quelqu'un critique votre maître, trouvez un moyen de lui faire comprendre son erreur ou dites-lui respectueusement : « Vous êtes en train de critiquer mon maître et je ne souhaite pas entendre de critiques à son sujet » avant de clore la Conversation. Si votre maître arrive et que vous êtes assis, levez-vous, sauf si vous êtes en train de réciter un soutra, de vous raser le crâne, de manger, de travailler ou si vous êtes malade.
Un novice doit participer à toutes les récitations des dix préceptes des novices mais il ne doit pas écouter la récitation des préceptes des bhikshu et des bhikshuni.
[1]
Ceux et celles qui ont reçu les préceptes de bhikshu ou de bhikshuni depuis plus de cinq ans sont des dharmacaryas
[2]
. Ceux et celles qui les ont reçus depuis plus de dix ans sont des upadhyaya s'ils ont présidé au moins une fois un conseil de transmission des préceptes. Un novice doit se montrer respectueux à l'égard de ces moines et de ces moniales comme s'ils étaient son maître. Tous les moines et les moniales ordonnés depuis de nombreuses années doivent être appelés Thây. Vous devez vous exprimer avec respect devant eux, même s'ils ont été ordonnés par le même maître que vous.
N'essayez pas d'écouter ce que se disent les moines et les moniales plus anciens lorsqu'ils se réunissent. N'imitez pas leur voix ou leur comportement. S'ils passent devant vous, tenez-vous sur le côté, les mains jointes, et inclinez-vous. Si vous passez devant eux, arrêtez-vous, joignez les paumes et inclinez-vous. Si vous voyez que des moines ou des moniales se disputent, retirez-vous en silence, de même si vous voyez votre maître réprimander quelqu'un qui a été ordonné bien avant vous.
Si vous devez vivre loin de votre maître ou s'il est sur le point de mourir, demandez-lui auprès de quel maître vous devez prendre refuge et où vous devez demeurer.
[1]
Bhikshu désigne un moine, en sanskrit, et bhikshuni une moniale
[2]
Une dharmacarya est une religieuse qui vit selon le Dharma.